La prise de conscience du problème date d’une petite dizaine d’années. On a constaté que l’épidémie d’obésité était liée à un changement radical de l’environnement alimentaire, avec notamment une surabondance de produits industriels riches en sucres ajoutés. On a alors suspecté une perte de contrôle comparable à une addiction chez une partie des surconsommateurs de sucre.
Le sucre fait partie de la grande famille des glucides. Dans les aliments au goût sucré, il est présent sous forme de glucides simples, comme le fructose, le saccharose et le lactose, que l’on trouve notamment dans les fruits, le sucre de table ou le lait. Il est également régulièrement consommé sous forme d’hydrates de carbone sous forme de céréales (blé, riz, seigle, avoine…), comme dans le pain et les pâtes, ou dans des légumes comme les pommes de terre, et des légumineuses comme les lentilles et les pois-chiches.
Il peut aussi lui arriver d’être bien caché. C’est le cas notamment des plats cuisinés, des sauces, des pizzas, des hamburgers, pour ne citer qu’un bref échantillon de ce que peut proposer l’industrie agroalimentaire dans bon nombre de pays. Dans ces produits ultratransformés, le sucre prend d’autres appellations comme sirop de glucose-fructose, sirop de maïs, sucre inverti…, des produits très concentrés dont on se méfie peu, mais qui contribuent à entretenir le goût pour le sucré.
Chez l’humain, l’attirance pour le sucré est présente dès la naissance, et même au cours des dernières semaines de la vie fœtale, lorsque les récepteurs gustatifs sont fonctionnels. Même si l’explication pour cette appétence reste hypothétique, elle résiderait peut-être dans le fait que le sucre demeure le principal carburant du cerveau. Cette parade mise en place génétiquement nous assurerait de toujours garantir un apport en sucre, l’élément moteur du corps humain. Une petite baisse de régime, de concentration et d’irritabilité, et le réflexe inné est de consommer rapidement du sucre, quelle que soit sa forme, car ces signes dénotent un manque au niveau du cerveau, privé de son carburant essentiel.
Le désir impérieux, irrépressible et intrusif de consommer une substance ; ou bien le désir ou les efforts persistants pour mettre un terme à une consommation ou pour la limiter ; ou encore le fait de consommer plus que voulu ; tous ces critères s’adaptent aussi bien à la consommation de drogues dures qu’à la consommation de sucre.
Après avoir analysé une soixantaine d’études sur le sucre, le spécialiste des maladies cardiovasculaires James J. DiNicolantonio et le cardiologue James H. O’Keefe ont conclu, dans une méta-analyse publiée en août 2017 dans le British Journal of Sports Medicine [1], que la consommation de sucre produisait dans le cerveau des effets similaires à la consommation de cocaïne. Selon leur analyse, le sucre pourrait même être une porte d’entrée vers l’alcool et d’autres substances addictives.
Les études menées avec des rongeurs suggèrent même que le sucre serait plus addictif que la cocaïne. Ainsi, une équipe française a observé que des rats devant choisir entre une solution d’eau sucrée ou de la cocaïne optaient à 94 % pour la première… bien qu’habitués à la seconde [2]. Selon Serge Ahmed, le directeur de recherche au CNRS qui a conduit cette étude, l’abondance de produits très riches en sucres ajoutés nous expose tous à un risque réel d’addiction. Ses travaux sont résumés dans une vidéo du CNRS ; on y voit clairement un rat choisir le sucre entre la dose de sucre et celle de cocaïne qui lui sont proposées (lien : https://www.dailymotion.com/video/x2i5lv7).
Autre étude particulièrement intéressante pour les amateurs d’Oreo, ces petits biscuits bicolores, fourrés à la crème de vanille : ils seraient aussi addictifs que les drogues dures ! Ce sont des étudiants en neurosciences du Connecticut College aux États-Unis qui ont fait cette découverte et l’ont détaillée sur le site Internet de leur université (lien : [3]).
L’expérience a été réalisée sur des rats que les scientifiques ont tout d’abord placés face à deux piles : des gâteaux de riz et des Oreo. Résultat : les rongeurs se sont précipités sur les biscuits à la crème de vanille. Ils ont ensuite mené une autre expérience : un groupe de rats a reçu une injection de cocaïne ou de morphine, un autre une simple solution saline. Ils ont constaté que le cerveau des rongeurs réagissait de la même façon aux injections de drogue qu’à la consommation d’Oreo. Les fameux biscuits stimuleraient même davantage les neurones des rats que la cocaïne ! On comprend alors aisément pourquoi on ne peut pas s’arrêter d’en manger avant la fin du paquet quand on a le malheur d’en ouvrir un !
On sait maintenant que la consommation chronique et prolongée de sucre entraîne, comme pour d’autres drogues, des modifications biologiques durables dans le cerveau.
Grâce à l’imagerie cérébrale, il est possible aujourd’hui de mieux comprendre comment le sucre agit sur les centres cérébraux, et notamment ceux impliqués dans le “circuit de la récompense”. Le circuit de la récompense, lorsqu’il est activé, induit une sensation de plaisir, produite par la sécrétion dans notre cerveau d’un neurotransmetteur : la dopamine, également appelée “hormone du plaisir”. Ainsi le sucre et les drogues ont la même finalité : produire une sensation agréable qui nous poussera à réitérer l’expérience. D’ailleurs, cela explique pourquoi manger est parfois davantage un plaisir, la simple satisfaction d’une gourmandise, que la satisfaction immédiate d’un besoin naturel.
Consommés de façon excessive, trop souvent et/ou en trop grandes quantités, les aliments très sucrés peuvent ainsi entrainer des phénomènes dits de neuro-adaptation au niveau d’une partie du cerveau, ceux-là même qui peuvent engendrer des symptômes de manque, un usage compulsif, des envies irrésistibles de manger, se traduisant par une perte de contrôle et des comportements addictifs.
S’il n’existe pas en France d’étude estimant la fréquence de cette addiction à l’échelle de la population, aux États-Unis, au Canada ou en Allemagne, où de tels travaux ont été menés, l’addiction au sucre toucherait 5 à 10 % des gens, certains sujets étant plus vulnérables que d’autres, de par leur vécu et/ou leurs pathologies.
La phase d’amaigrissement du Programme RNPC® limite volontairement votre consommation de sucres pour vous débarrasser de cette dépendance au sucre, le pire ennemi de votre surpoids mais également des pathologies qui y sont associées. Si au début vous pourrez ressentir un certain manque des produits sucrés que vous avez l’habitude de consommer, vous verrez que cette sensation disparaitra au bout de seulement quelques jours.
Grâce à un processus biologique appelé néoglucogenèse, votre organisme peut parfaitement fabriquer du sucre à partir d’autres nutriments (notamment les protéines) ; ainsi, votre cerveau ne manquera jamais de sucre !