L’hypertension artérielle (HTA) se définit par une pression artérielle élevée en consultation, soit supérieure à 140 et/ou 90 mm Hg (que votre médecin pourra exprimer par “14/9”). Si vous disposez d’un tensiomètre à domicile, les seuils sont un peu plus stricts puisque vous êtes alors considéré(e) comme hypertendu(e) à partir de 135 et/ou 85 mm Hg (ou “13,5/8,5”).
L’HTA est un état pathologique appelé “tueur silencieux” car la maladie reste longtemps complètement asymptomatique. En cas d’HTA sévère, les symptômes sont loin d’être spécifiques : maux de tête, somnolence, palpitations, vision trouble, fatigue, vertiges, confusion, sensation de bourdonnement dans les oreilles, difficultés respiratoires, rythme cardiaque irrégulier… quelques signes qui devraient mettre la puce à l’oreille de votre médecin traitant.
Sur le plan épidémiologique, l’HTA constitue la pathologie cardiovasculaire dont la prévalence est la plus élevée.
Les enquêtes FLAHS (French League Against Hypertension Survey), menées depuis 2002 par le Comité Français de Lutte contre l’Hypertension Artérielle (CFLHTA) et depuis 2015 en association avec la Fondation de Recherche sur l’HTA (FRHTA), fournissent des informations sur la prévalence de l’HTA dans la population adulte de plus de 35 ans.
Selon les données de l’enquête FLAHS 2019, la prise en charge de l’HTA en France continue de se détériorer [1]. Selon le protocole d’automesure de la pression artérielle recommandé pour cette étude, 8,7 millions des Français de plus de 35 ans sont hypertendus et parmi eux, 5 millions sont non dépistés ou non traités. Seuls 3,7 millions, soit 42,5 %, reçoivent un traitement antihypertenseur. Avec une proportion estimée d’hypertendus traités et un contrôle de l’HTA qui régressent alors que les prescriptions de médicaments antihypertenseurs grimpent, FLASH 2019 confirme les chiffres inquiétants de la dernière enquête du même nom, réalisée en 2017.
Aussi, les données de FLAHS 2019 confirment celles de l’enquête Esteban de 2015 [2], menée en France entre 2014 et 2016 auprès d’adultes de 18 à 74 ans, à savoir que la situation s’est dégradée depuis 2006. Aucune diminution de la prévalence de l’HTA n’a été observée en France, avec toujours un adulte sur trois hypertendu. De plus, aucune amélioration du dépistage et de la prise en charge de l’HTA n’a pu être mise en évidence. Plus inquiétant encore, ils montrent que la situation s’est fortement dégradée chez les femmes.
Pour résumer, les gens sont moins bien traités, moins pris en charge et moins contrôlés.
Normaliser la tension est le seul moyen de protéger nos artères du vieillissement et de ses complications cardiovasculaires. Sur le plan thérapeutique, la perte de poids et l’augmentation de l’activité physique devraient être au centre de la stratégie de prise en charge. Toutefois, un traitement antihypertenseur est très souvent requis en raison des limites des approches non pharmacologiques.
Nous disposons de cinq classes d’antihypertenseurs parmi lesquelles le médecin choisira un traitement initial “sur mesure” en tenant compte des résultats de l’interrogatoire, de l’examen clinique, de la sévérité de l’HTA et des résultats du bilan biologique de son patient.
Si un seul traitement ne suffit pas à atteindre l’objectif tensionnel ou qu’il y a des complications, notamment sur le cœur (insuffisance coronarienne, angor, insuffisance cardiaque, troubles du rythme, infarctus du myocarde), le cerveau (AVC) et le rein (maladie rénale chronique), il faut passer de la monothérapie à la bithérapie, puis à la trithérapie, etc. En raison des problèmes évoquées précédemment, notamment de la sécrétion massive et chronique d’angiotensine-2 par le tissu adipeux intra-abdominal, il est de plus en plus fréquent pour un médecin de devoir “empiler” les médicaments sans pour autant parvenir à contrôler la pression artérielle. C’est ce qu’on appelle l’escalade thérapeutique.
Cliniquement, chaque médecin a vécu des cas individuels où une diminution même modérée du poids corporel s’est accompagnée d’une baisse de la pression artérielle et de la possibilité de réduire la médication. Ainsi, de nombreuses études ont démontré qu’une diminution du poids corporel permettait de prévenir l’HTA ainsi que de réduire voire de normaliser la pression artérielle en cas d’HTA, en particulier lorsque celle-ci est modérée.
Une méta-analyse de vingt-cinq études concernant 4874 patients a notamment observé que, pour chaque kilo perdu, la tension artérielle systolique et diastolique diminue d’environ 1 mm Hg [4].
Les résultats d’une étude réalisée sur 10 809 patients ayant complété la phase d’amaigrissement du Programme RNPC® ont montré que la perte de poids obtenue grâce au programme permettait aux patients hypertendus de diviser par deux leurs traitements médicamenteux prescrits pour l’HTA [5].
Globalement, la perte de poids, une moindre consommation d’aliments riches en sel et la pratique d’une activité physique régulière améliorent sans aucun doute la pression artérielle des patients en surcharge pondérale. Mais combien d’entre eux parviendront à réaliser les changements proposés par leur médecin et pendant combien de temps ? C’est pourquoi, bien que ces approches non pharmacologiques doivent être proposées en première intention, dans la majorité des cas, les médecins préfèreront débuter un traitement antihypertenseur chez les patients en surpoids ou obèses et hypertendus, quitte à ce que ce traitement médicamenteux soit réduit ultérieurement si les mesures hygiéno-diététiques s’avèrent efficaces.
Références :