Le cancer du sein et la surcharge pondérale (surpoids ou obésité) représentent deux problèmes majeurs de santé publique dont la prévalence n’a fait qu’augmenter ces dernières années. Un adulte sur deux en France est en surcharge pondérale tandis que le cancer du sein affecte en moyenne une femme sur 8.
L’obésité est associée à une augmentation de 30 à 50 % du risque de cancer du sein, essentiellement chez les femmes ménopausées, et aggrave le pronostic de cette pathologie, qu’elle survienne avant ou après la ménopause. En effet, au diagnostic, les patientes obèses présentent des tumeurs de taille plus importante et des cancers plus agressifs, le risque de métastase ainsi que de récidive une fois le cancer traité étant plus élevé. L’augmentation de la mortalité liée au cancer du sein serait donc une conséquence de l’augmentation de l’incidence de l’obésité [1].
Les liens entre surcharge pondérale et cancer du sein restent encore mal compris à ce jour et font l’objet de nombreuses recherches scientifiques.
Aujourd’hui, il est clairement établi que le surpoids et l’obésité (respectivement définis par un indice de masse corporelle (IMC) supérieur ou égal à 25 et 30 kg/m2) peuvent favoriser le développement de plusieurs types de cancers, dont le cancer du sein après la ménopause.
Plus que l’IMC, c’est au tour de taille qu’il faut particulièrement faire attention. En effet, un tour de taille élevé trahit la présence d’une quantité importante de graisses à l’intérieur de l’abdomen, constituant le tissu adipeux dit viscéral. Le problème, c’est que ce dernier est loin d’être un simple amas de cellules inerte. En effet, les cellules du tissu adipeux viscéral libèrent dans la circulation sanguine une grande variété de molécules (appelées adipokines), notamment des hormones, des lipides, des facteurs de croissance, et des molécules pro-inflammatoires et pro-angiogéniques. Ces adipokines interagissent directement, d’une part avec les cellules adipeuses qui composent le sein, et d’autre part avec les cellules cancéreuses à proximité. Tout cela pourrait expliquer, du moins en partie, pourquoi un excès de graisses constitue un facteur d’apparition et de sévérité de la maladie en favorisant le développement de la tumeur et la dissémination des cellules cancéreuses [2].
Dans une étude britannique publiée dans le Journal of the National Cancer Institute [3], des chercheurs ont examiné les liens entre un changement de poids (prise de poids ou perte de poids) et le risque de cancer du sein chez 180 885 femmes âgées de 50 ans et plus. Au cours du suivi, qui a duré environ 18 ans, 6930 cancers du sein invasifs ont été diagnostiqués.
Comparativement aux femmes ayant conservé un poids stable (± 2 kg), celles ayant perdu du poids au cours des 10 premières années du suivi avaient un risque plus faible de cancer du sein. Cette réduction du risque était même proportionnelle au nombre de kilos perdus : -18% pour une perte de 2 à 4,5 kg, -25% pour une perte de 4,5 à 9 kg, et -32% pour une perte d’au moins 9 kg. Fait intéressant, les femmes ayant perdu au moins 9 kg au cours des 5 premières années puis une partie (mais pas la totalité) du poids perdu au cours des 5 années suivantes présentaient également un risque plus faible de cancer du sein.
Ainsi, une perte de poids soutenue, même modeste et même suivie d’une reprise partielle, est associée à un risque plus faible de cancer du sein chez les femmes de 50 ans et plus.
9 kg, c’est précisément la moyenne de poids perdu par les 10 189 personnes ayant suivi la phase d’amaigrissement du Programme RNPC, parmi les 12 000 ayant participé à une étude franco-danoise publiée en 2018 dans le journal scientifique Obesity Medicine [4].