Ces dernières décennies, la part des graisses dans l’alimentation a fondu, mais la consommation de glucides a explosé. Et le grand gagnant, c’est notre tour de taille !
Après 40 ans de programmes de recommandations nutritionnelles destinés au grand public dans le but d’améliorer la santé, des chercheurs américains ont enfin décidé de dresser le bilan de ce matraquage qui touche la France comme les États-Unis.
Le verdict est sans appel….
De 1965 à 2011 :
diminution de
45% à 34%
des apports énergétiques journaliers
augmentation de
39% à 51%
des apports énergétiques journaliers
Augmentation du poids moyen de 3,6 kg :
Augmentation des personnes obèses :
Si la tendance se poursuit, on pourrait compter 30% d’adultes obèses en 2020.
Des études épidémiologiques ayant mis en évidence une corrélation entre l’augmentation de la consommation d’acides gras saturés et l’accroissement du risque des maladies cardiovasculaires, le mot d’ordre des nutritionnistes a été d’une part, de “faire la guerre” à l’excès d’acides gras saturés, et de l’autre, d’intensifier la consommation quotidienne des glucides (55% à 75% des apports caloriques quotidiens, selon l’OMS).
Cependant, des chercheurs américains ont suggéré qu’un régime pauvre en glucides serait plus efficace pour perdre du poids et prévenir les maladies cardiovasculaires.
Pour leur étude publiée dans le Journal Annals of Internal Medicine [1], ils ont recruté 148 hommes et femmes, tous obèses selon leur indice de masse corporelle (IMC), et ont assigné à chaque participant de manière aléatoire, soit un régime pauvre en glucides (30% de son apport calorique journalier), soit un régime pauvre en graisses (moins de 30% des calories journalières provenant des matières grasses). Les participants ont ensuite été convoqués à intervalles réguliers (après 3, 6 et 12 mois) afin de prendre des mesures et vérifier le suivi continu du régime. Aucun objectif n’a été fixé en termes de nombre de calories consommées par jour et d’activité physique.
Au final, les participants ayant suivi le régime pauvre en glucides ont perdu 3,5 kg de plus en moyenne que ceux qui ont suivi le régime pauvre en lipides.
Ils ont également montré une baisse plus significative de leur indice de masse grasse, et une réduction plus importante du tour de taille lors des contrôles à 3 mois et à 6 mois.
Si tous observaient une diminution de leur taux de cholestérol LDL, le groupe ayant consommé moins de glucides notait en plus une élévation du taux de cholestérol HDL. D’autres marqueurs d’évaluation du risque cardiométabolique comme la glycémie et le taux de triglycérides étaient également améliorés.
Un travail encore plus récent, publié dans la revue scientifique The Lancet [2] et présenté au congrès de la Société Européenne de Cardiologie à Barcelone (Espagne) le 29 août 2017, pourrait bien achever de convaincre les plus récalcitrants et avoir des conséquences sur les habitudes alimentaires de toutes les personnes soucieuses de leur santé.
Dans le cadre de l’étude PURE (Prospective Urban Rural Epidemiology), des chercheurs canadiens ont étudié, au cours d’un suivi qui a duré environ 7 ans, les habitudes alimentaires et la santé de :
Les chercheurs ont observé une augmentation de 28% du risque total de mortalité chez les individus ayant les apports les plus élevés en glucides.[/vc_column_text][vc_column_text css= ».vc_custom_1604499293567{border-radius: 1px !important;} »]
Inversement, chez les individus qui consommaient le plus de graisses (plus de 35% de leurs apports énergétiques), le risque total de mortalité, le risque d’AVC et le risque de mortalité non-cardiovasculaire, étaient respectivement réduits de 23%, 18% et 30% par rapport à ceux qui en consommaient le moins.
Tous les types de graisses étaient associés à une diminution significative du risque de mortalité de :
Enfin, les graisses totales, saturées ou pas, n’avaient pas d’impact significatif sur le risque d’infarctus ou de mortalité cardiovasculaire.
En revanche, les chercheurs ont aussi noté que de très faibles apports en graisses saturées (moins de 3%) étaient associés à un risque de mortalité plus élevé.
✔️ Il n’y a pas de bénéfice à un régime pauvre en graisses saturées sur le plan de la morbi-mortalité cardiovasculaire, ce qui remet vraiment en cause une grande partie des recommandations nutritionnelles en post-infarctus sur lesquelles nous nous basons depuis nombreuses années, qui préconisent de réduire la consommation des graisses d’origine animale.
✔️ La consommation de grandes quantités de glucides augmente le risque de la mortalité toutes causes.
✔️ L’analyse par type de matières grasses montre que les saturées (principalement présentes dans les produits d’origine animale) entrainent une baisse du risque de mortalité, certes moins marquée que les insaturées (graisses végétales et de poissons), mais tout de même significative.
Les résultats de ces études prouvent que les matières grasses, et plus particulièrement les graisses saturées, ont été considérées comme favorisant les maladies cardiovasculaires à tort pendant des décennies.
Ce sont les sucres, plus que les graisses, qui sont dangereux pour la santé.
Les recommandations actuelles (**), visant à limiter la consommation de lipides, devraient donc être revues.
Mahshid Dehghan, de l’Université McMaster (Canada), estime même que, si l’on remplaçait 5% de l’apport calorique venant des glucides par des acides gras polyinsaturés, on diminuerait la mortalité d’environ 12%.
(*) Trois pays à niveau de vie élevé (Canada, Suède, Émirats arabes unis), 11 à niveau de vie intermédiaire (Argentine, Brésil, Chili, Chine, Colombie, Iran, Malaisie, Palestine, Pologne, Afrique du Sud, Turquie) et 4 à faible niveau de vie (Bangladesh, Inde, Pakistan, Zimbabwe).
(**) En France, selon les recommandations actuelles, les glucides devraient couvrir environ 55% des apports nutritionnels quotidiens, les lipides 30 à 35%, et les protéines 10 à 15%. L’OMS recommande que les graisses ne dépassent pas 30% de l’apport énergétique total et les graisses saturées, pas plus de 10%.
Références :
[1] Bazzano LA et al. Effects of low-carbohydrate and low-fat diets: a randomized trial. Ann Intern Med. 2014;2;161(5):309-18
[2] Dehghan M et al. Associations of fats and carbohydrate intake with cardiovascular disease and mortality in 18 countries from five continents (PURE): a prospective cohort study. The Lancet. 2017