Saviez-vous que près d’un adulte français sur deux est en surpoids ou obèse ? Les personnes obèses (17 % de la population adulte en France) ont un risque quatre fois plus élevé de souffrir de diabète, trois fois plus élevé de souffrir d’hypertension et deux fois plus élevé de souffrir d’une maladie du cœur que ceux qui ont un poids normal.
Toutefois, le simple fait de connaître son poids, ou même son indice de masse corporelle (le fameux IMC, calculé en divisant son poids en kilogrammes par sa taille en mètres au carré) ne suffit pas pour connaître son risque pour la santé, et en particulier son risque cardiovasculaire. Car si l’IMC permet d’évaluer la corpulence d’une personne, il ne tient absolument pas compte de la répartition du poids, et notamment de la graisse, chez cette personne. Or la façon dont notre corps emmagasine l’excès de graisse peut avoir des conséquences extrêmement négatives sur notre santé.
On ne dit pas que le calcul de l’IMC doit être abandonné, mais plutôt qu’il devrait être complété par d’autres mesures, dont la mesure du périmètre abdominal, c’est-à-dire le tour de taille. Il s’agit d’une méthode d’évaluation (ou même d’autoévaluation, car vous pouvez aisément le faire vous-même) facile, rapide et peu onéreuse, le seul équipement dont vous avez besoin étant un simple mètre-ruban.
Comment procéder ? La Haute Autorité de Santé a fixé des recommandations pour mesurer le tour de taille :
Comment interpréter le résultat de la mesure ? Facile, vous n’avez qu’une valeur seuil à retenir : 94 cm si vous êtes un homme et 80 cm si vous êtes une femme. Si la valeur que vous avez mesurée est supérieure au seuil qui correspond à votre sexe, vous présentez un excès de graisse abdominale et donc un risque accru de développer une maladie cardiovasculaire ou métabolique à plus ou moins long terme (selon la présence d’autres facteurs de risque tels que des antécédents familiaux, le tabac, la sédentarité, ou d’autres maladies chroniques typiquement associées à la surcharge pondérale).
Ainsi, la région de votre corps où vous accumulez la graisse peut s’avérer encore plus importante que la quantité de graisse totale que vous portez. Et un IMC considéré comme normal ne signifie pas pour autant que votre niveau de risque global et cardiovasculaire est au plus bas. Une étude issue d’une collaboration entre des chercheurs américains et tchèques a démontré, à partir des données de 1700 personnes suivies pendant 16 ans, que celles présentant une obésité abdominale (c’est-à-dire un gros ventre) mais un IMC normal avaient un risque de décès à la suite d’un problème cardiovasculaire, de crise cardiaque et d’AVC, deux fois plus élevé que celles sans obésité abdominale, quel que soit leur IMC2.
L’outil européen SCORE (pour Systematic COronary Risk Estimation) calcule, en pourcentage, le risque d’événement cardiovasculaire fatal à 10 ans chez les individus en bonne santé apparente, entre 40 à 65 ans chez l’homme et entre 50 à 65 ans chez la femme3.
SCORE intègre 5 facteurs de risque :
Des tables de risque permettent la lecture visuelle du pourcentage de risque cardiovasculaire à 10 ans, du vert foncé pour un niveau de risque inférieur à 1 % au rouge foncé pour un niveau de risque supérieur à 15 % :
Un calculateur en ligne, disponible sur le site www.cardiorisk.fr, permet également la visualisation du risque cardiovasculaire global à 10 ans selon d’Agostino4 et SCORE, en comparant en plus votre niveau de risque à celui d’une population de référence : http://www.cardiorisk.fr/.
Du côté de votre médecin traitant, la mesure de la tension artérielle sera complétée par la prescription d’examens sanguins, afin de rechercher de possibles anomalies. Les analyses recommandées sont :
De votre côté, la réduction du risque cardiovasculaire passera forcément par des changements de votre mode de vie, notamment l’arrêt du tabac, une révision de vos habitudes alimentaires et la pratique d’une activité physique régulière. Vous pourriez, orienté par votre médecin, faire appel à un diététicien en libéral ou exerçant dans des structures telles que les centres RNPC. Ces derniers proposent un programme de perte de poids complet et personnalisé, élaboré sur la base des résultats des études scientifiques les plus récentes ainsi que des recommandations officielles nationales et internationales. Une étude clinique franco-danoise réalisée sur plus de 12 000 patients ayant suivi le Programme RNPC a montré que ces derniers perdaient en moyenne 15 cm de tour de taille à l’issue de la phase de stabilisation2, minimisant ainsi leur niveau de risque global et cardiovasculaire.
[1] Sood R, et al. Am J Health Behav. 2019;43(6):1129-35
[2] Christensen L, et al. Obes Med. 2019;14:100085
[3] Conroy RM, et al. Eur Heart J. 2003;24(11):987-1003
[4] D’Agostino RB Sr, et al. Circulation. 2008;117(6):743-53