D’après les études épidémiologiques menées sur le sujet, on estime que le syndrome d’apnées du sommeil touche 4 à 10 % de la population adulte en France, dont 15 % après 70 ans. Il entraine inévitablement une fatigue chronique mais peut surtout être à l’origine de complications cardiovasculaires graves. À l’occasion de la Journée Mondiale du Sommeil, faisons le point sur cette pathologie fréquente mais pourtant largement méconnue.
En France, entre 4 % et 10 % de la population adulte, souffre de syndrome d’apnées du sommeil, soit environ 2,5 à 6,4 millions de Français. Pourtant, malgré les campagnes de prévention et de dépistage menées par les pouvoirs publics, cette pathologie est encore mal connue et il est probable que plus de 50 % des individus apnéiques ne soient pas encore diagnostiqués. Bien que plusieurs dizaines de milliers de nouveaux cas soient diagnostiqués chaque année, on considère que seulement 20 % à 30 % des malades sont actuellement pris en charge en France.
Le syndrome d’apnées du sommeil (également appelé syndrome d’apnées-hypopnées obstructives du sommeil par les professionnels de santé) se manifeste par des interruptions répétées et incontrôlées de la respiration pendant le sommeil, provoquant des microéveils intermittents dont la personne n’est même pas consciente. On parle de syndrome d’apnées du sommeil lorsque la respiration s’arrête pendant plus de 10 secondes, et cela plus de cinq fois par heure. Les apnées sont la conséquence de la fermeture répétée du conduit aérien du pharynx, du fait d’un relâchement des muscles de la gorge et de la langue durant le sommeil, bloquant ainsi le passage de l’air.
Lors de chaque apnée, la respiration s’arrête momentanément entrainant une chute du taux d’oxygène dans le sang. Cet évènement déclenche un signal d’alerte dans le cerveau qui provoque le microéveil de la personne concernée, celle-ci forçant instinctivement, par réflexe, la réouverture des voies aériennes supérieures.
Chez certains patients atteints d’un syndrome d’apnées du sommeil sévère, celles-ci peuvent survenir plusieurs dizaines, voire plusieurs centaines de fois au cours d’une même nuit.
Le nombre, la fréquence et la durée des apnées nocturnes successives sont prédictifs de la mortalité cardiovasculaire. En effet, chaque évènement s’accompagne de petits bouleversements à l’échelle de l’organisme entier :
La panoplie de maladies cardiovasculaires associées au syndrome d’apnée du sommeil est vaste et hétérogène : hypertension artérielle, athérosclérose (dépôt de plaques d’athérome sur la paroi des artères), arythmies cardiaques, insuffisance cardiaque, avec pour conséquence directe un risque accru de complication majeure telle que l’infarctus du myocarde et d’accident vasculaire cérébral, exposant le patient à un risque important de décès prématuré.
En parallèle, les microéveils réactionnels, vont rapidement provoquer une détérioration de la qualité du sommeil.
La mise en évidence de troubles cardiovasculaires chez un patient apnéique n’implique pas obligatoirement une relation de cause à effet. Non seulement ces divers problèmes de santé peuvent coexister, mais le syndrome d’apnées du sommeil est également souvent associé à d’autres pathologies (en particulier métaboliques comme l’obésité abdominale, le syndrome métabolique ou le diabète) qui peuvent entraîner les mêmes complications cardiovasculaires.
Déceler et traiter précocement l’apnée du sommeil peut améliorer les chances de survie des patients et limiter voire réduire la détérioration progressive de leur santé cardiovasculaire.
Au vu de l’ampleur du problème à l’échelle mondiale, le syndrome d’apnées du sommeil fait l’objet de travaux de recherche à la fois fondamentale et clinique pour mieux comprendre les liens entre la maladie, ses facteurs de risque et ses complications.
L’étude SCOOP (https://www.scoop-rnpc.fr/), actuellement en phase de recrutement, a pour objectif de constituer une cohorte de 10 000 participants en surpoids ou obèses, et donc à risque élevé d’apnées du sommeil, pour évaluer l’impact de la perte de poids sur l’ensemble des troubles cardiovasculaires et métaboliques associés à la surcharge pondérale. L’investigateur principal de cette étude étant le Prof. Jean-Louis Pépin, expert de renommée mondiale dans le domaine de la recherche sur le syndrome d’apnées du sommeil, une attention toute particulière sera portée sur l’exploration de cette pathologie. Peut-être les chercheurs découvriront-ils, grâce aux milliers de données collectées chez les participants, de nouveaux moyens de prévention et de prédiction du risque de survenue, de développement et de complication du syndrome d’apnées du sommeil.
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