Maintenant qu’on a découvert que le pancréas pouvait, tout comme son voisin le foie, accumuler des graisses, la « maladie du pancréas gras » (c’est-à-dire un pancréas chargé de lipides) peut être considérée comme la plus commune des maladies pancréatiques puisque concernerait environ une personne sur 5 dans la population générale [1].
Ce chiffre dramatique, avancé en 2022 par le célèbre médecin diabétologue de Newcastle, le Prof. Roy Taylor, a été récemment confirmé par une vaste étude de cohorte prospective menée par des chercheurs de l’Université de Yangzhou (Chine), et dont les résultats ont été publiés en ligne le 26 avril 2024 dans le journal scientifique The American Journal of Gastroenterology [2].
Pour les besoins de l’étude, les 42 599 participants (âge médian de 65 ans ; 46,6 % d’hommes) ont été soumis à un examen d’imagerie par résonance magnétique (IRM) abdominale pour mesurer la quantité de graisse à l’intérieur même du pancréas.
Dans cette cohorte, les chercheurs ont observé un dépôt excessif de graisse intrapancréatique chez près de 18 % des participants, lequel était associé à une augmentation du risque de pancréatite aiguë de 298 %, de cancer du pancréas de 98 %, de diabète de 34 %, et de toutes les maladies du pancréas de 44 %.
Les participants ont ensuite été répartis en cinq groupes (quintiles) selon leur niveau de graisse intrapancréatique. L’élévation du niveau d’un quintile augmenterait le risque de développement d’une pancréatite aiguë de 51,3 %, d’un cancer du pancréas de 36,5 %, de diabète de 22,1 % et toutes les maladies pancréatiques de 22,7 %.
Le taux de prévalence de 18 % révélé par cette étude chinoise sur le « pancréas gras » rappelle étrangement celui de la maladie du foie gras (ou MASH pour Métaboliques dysfunction-Associated Steato-Hepatitis, stéatohépatite associée à un dysfonctionnement métabolique en français) dans la cohorte française Constances, de 18,2 % précisément [3].
Pour la MASH, une perte de poids de 10 % du poids initial peut à elle-seule entrainer une rémission de la pathologie chez 90 % des patients [4]. Même constat pour le diabète de type 2, maladie du pancréas caractérisée par une perte de fonction des cellules productrices d’insuline : une équipe de scientifiques de l’Université de Newcastle, dirigée notamment par le Prof. Taylor, a démontré que le diabète de type 2 pouvait être guéri par une simple mais importante perte de poids, laquelle était associée à une diminution significative du taux de graisse dans le pancréas [5]. Les chercheurs soutiennent l’hypothèse que c’est le taux de graisse dans le pancréas qui serait la source de la perte de fonction des cellules productrice d’insuline [6].
Toutes ces études ont en commun de faire le lien entre l’accumulation de graisse ectopique, conséquence d’une surcharge pondérale localisée au niveau viscéral, et des maladies qui semblent se développer de façon vertigineuse dans les pays développés. Avec pour seule et unique thérapeutique, une méthode de perte de poids efficace et ciblée.