La goutte est la maladie articulaire inflammatoire la plus fréquente dans les pays occidentaux. Le nombre de personnes atteintes de cette maladie est estimé à 0,9 % de la population française en 2013, soit environ 600 000 personnes. Ce nombre augmente avec l’âge et les hommes sont plus affectés que les femmes.
La goutte est une maladie chronique due à la présence d’un excès d’acide urique dans le sang ; on parle d’hyperuricémie. L’acide urique est issu de la dégradation de substances appelées purines, qui nous sont apportées par l’alimentation. Il est ensuite éliminé par les reins, dans les urines.
La goutte résulte d’une augmentation anormale et chronique du taux d’acide urique dans le sang, qui s’explique notamment par un apport alimentaire élevé en purines associé à un défaut d’élimination par les reins.
Lorsque la concentration en acide urique augmente dans le sang, des cristaux d’acide urique (urate de sodium) se forment et se déposent à l’intérieur et autour des articulations.
Ces dépôts n’entrainent pas toujours de symptômes mais dans certains cas, il se produit une réaction inflammatoire aiguë, le plus souvent du gros orteil, accompagnée de douleur intense, augmentation de la chaleur locale, rougeur, tuméfaction : c’est la crise de goutte.
Les facteurs de risque de la goutte sont multiples. Ils peuvent être génétiques, liés à l’âge ou encore aux comportements alimentaires et/ou sédentaires. Certaines maladies, la plupart associées à la surcharge pondérale, favorisent l’apparition de la goutte (obésité, insuffisance rénale, syndrome métabolique, hypertension artérielle, diabète de type 2, hyperlipidémie), ainsi que la prise de certains médicaments (antihypertenseurs, en particulier les diurétiques, acide acétylsalicylique à faible dose).
La goutte survient généralement après 40 ans chez l’homme, plus tardivement (après 65 ans) chez la femme. Cependant, au cours de ces vingt dernières années, la fréquence de la goutte a beaucoup augmenté, allant jusqu’à doubler chez les femmes.
Dans une étude menée par des chercheurs de l’Université d’Otago (Nouvelle-Zélande), ces derniers ont constaté que le nombre d’admissions pour la goutte avait augmenté, entre 1999 et 2009, de 5,5 % par an en Nouvelle-Zélande et de 7,2 % par an en Angleterre, soit une augmentation de près de 90 % en 10 ans [1]. La hausse de l’obésité serait en cause dans cette augmentation spectaculaire de l’incidence de la goutte, une tendance probablement généralisable à l’Europe.
En effet, l’association entre hyperuricémie et surcharge pondérale a été démontrée dans de nombreuses études épidémiologiques, le risque de goutte augmentant proportionnellement avec l’indice de masse corporelle (IMC) [2].
L’IMC, l’insulinorésistance (étroitement liée au diabète de type 2) et le taux de triglycérides (graisses dans le sang), plus que l’alimentation, seraient les paramètres qui influenceraient le plus le risque d’hyperuricémie [3, 4].
Le traitement de la crise de goutte repose sur la colchicine à faibles doses et/ou les anti-inflammatoires non stéroïdiens, voire les corticoïdes en injection intra-articulaire. Il faut parallèlement faire baisser le taux d’acide urique dans le sang au-dessous de 60 mg/l, grâce à un traitement hypo-uricémiant (allopurinol/Zyloric® ou febuxostat/Adenuric®). Ce traitement est continu et doit donc être maintenu la vie entière ; son arrêt déclenche de nouvelles crises car les cristaux se reforment.
Dans le cadre d’une hyperuricémie, il faut éviter mais les aliments riches en purines : abats, charcuterie, fruits de mer, gibier, viande rouge, poissons gras (anchois, maquereau, hareng, sardine), oie, canard, champignons, épinards, chou-fleur, asperge, oseille et lentilles, alcool (bière et spiritueux), boissons sucrées.
L’application de règles hygiéno-diététiques simples, telles qu’un régime hypocalorique appauvri en sucres et graisses saturées et la pratique d’une activité physique régulière, réduisent le risque de goutte et contribuent à améliorer la santé globale en diminuant le risque de maladies cardiovasculaires et métaboliques.
D’après une vaste enquête américaine réalisée auprès de 47 150 hommes, la perte de poids aiderait à prévenir la goutte [5]. Au début de l’étude, aucun des participants, âgés de 40 ans à 75 ans, n’était atteint de goutte. Au cours de l’étude, 730 hommes ont souffert de la maladie. Des renseignements au sujet de l’IMC, du poids, des tours de taille et de hanche, de la tension artérielle et de l’alimentation ont entre autres été collectés auprès des participants par l’intermédiaire de questionnaires. C’est la compilation de ces résultats qui a permis de tirer les conclusions suivantes : l’excès de poids, défini par un IMC supérieur ou égal à 25 kg/m2 ou plus, était étroitement lié à un risque accru de goutte, ce risque étant encore plus important en cas d’obésité (IMC ≥ 30). Les chercheurs ont également pu démontrer qu’une perte de poids pouvait réduire l’incidence de la goutte. En effet, les participants de l’étude ayant perdu 4,5 kg ou plus par rapport à leur poids initial ont réduit leur risque d’être atteints de la maladie de 39 %, comparativement à ceux qui avaient maintenu leur poids.
Peut-on suivre le Programme RNPC® lorsqu’on est atteint d’hyperuricémie et/ou sujet aux crises de goutte ?
Références :