Contre l’obésité sévère ou morbide, la chirurgie bariatrique a de plus en plus le vent en poupe. En effet, quand tout se passe bien, la perte de poids peut atteindre jusqu’à 40 % de la masse initiale, et les pathologies associées à la surcharge pondérale (diabète de type 2, apnée du sommeil, hypertension, arthrose…) s’améliorent voire disparaissent totalement. Avec à la clef une réduction significative de la mortalité par rapport aux malades non traités. Forts de ces résultats, les patients remplissant les critères d’admission se sont rués vers les blocs opératoires ces dernières années. D’autant plus facilement que la Sécurité Sociale rembourse assez généreusement ces actes et que notre pays dispose d’une offre de soins pléthorique – quelque 500 hôpitaux et cliniques proposent ce type d’intervention.
Résultat : Plus d’un demi-million de personnes ont déjà été opérées en France, dont 60 000 pour la seule année 2016. Entre 1996 et 2016, ce nombre a été multiplié par vingt ! De quoi hisser la France parmi les champions du monde du recours à la chirurgie bariatrique, alors que l’obésité y reste un peu moins fréquente qu’ailleurs (17 % de la population concernée, contre 27 % au Royaume-Uni et 38 % aux États-Unis). Un paradoxe qui s’expliquerait aussi en partie par le mode de financement des établissements hospitaliers qui pousse à augmenter le nombre d’actes.
Mais cette chirurgie n’est pas anodine ; c’est une intervention lourde soumise à des recommandations de la Haute autorité de santé (HAS) qui, si elles ne sont pas respectées, peuvent avoir des conséquences parfois graves pour les patients. Avant son opération, le patient doit avoir consulté plusieurs spécialistes et avoir bénéficié d’un suivi psychologique pour effectuer un bilan médical complet. Le délai minimal recommandé est de six mois. Trop long pour certains patients en souffrance qui, pressés de maigrir après des années de régime sans succès, insistent pour être opérés plus rapidement ou s’adressent à des chirurgiens peu regardants qui acceptent de raccourcir la durée du parcours préopératoire ou qui n’effectuent pas un bilan complet avant d’opérer.
En 2018, un rapport de l’Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS) pointait clairement le non-respect de ces préconisations : En 2016, l’Assurance Maladie a refusé la prise en charge de 29 % de ces opérations dans une trentaine d’établissements qui les pratiquaient à grande échelle, parce qu’elles n’étaient pas conformes aux recommandations de la HAS.
D’après les chiffres de la Caisse Nationale d’Assurance Maladie (CNAM), un tiers des candidats à la chirurgie ne bénéficie pas de tous les examens et bilans recommandés en amont, et seuls 12 % ont encore un bon suivi cinq ans après l’opération.
Le suivi doit être assuré la vie durant, l’obésité étant une maladie chronique et en raison du risque de complications tardives, chirurgicales ou nutritionnelles, dont certaines peuvent avoir de graves conséquences. Le patient doit donc être informé des conséquences potentiellement graves de l’absence de suivi.
Les complications, qui surviennent en moyenne chez 5 à 10 % des personnes opérées, ont causé près de 120 décès entre 2013 et 2016.
Le bistouri ne suffit pas toujours à remporter une victoire définitive contre la graisse. Entre 2 et 6 ans après la chirurgie, les patients peuvent reprendre jusqu’à 30 % du poids qui a été perdu (soit 10 kg pour 30 kg perdus par exemple). Et il n’est pas rare de voir des personnes reprendre TOUT le poids perdu. L’anneau gastrique est clairement la technique la moins efficace avec 50 % des patients opérés en échec.
Cette reprise pondérale peut générer une dégradation de l’état de santé général du patient, notamment des comorbidités en relation avec le poids et de la qualité de vie, mais également avoir des conséquences sur les coûts de santé.
En effet, si au départ le bouleversement causé par la chirurgie sur l’absorption et la digestion des aliments résulte en une perte de poids rapide et massive, il ne faut pas oublier que nous sommes programmés génétiquement pour épargner l’énergie dans un but de survie. Ainsi, l’organisme, et notamment le métabolisme, s’adapte à la chirurgie de façon relativement rapide entrainant une économie d’énergie et donc un ralentissement voire un arrêt progressif de la perte de poids. Si on y ajoute des erreurs alimentaires, la sédentarité ou la survenue de la ménopause, d’une hypothyroïdie ou la prise de certains médicaments comme les corticoïdes, l’insuline ou les antiépileptiques…, les kilos peuvent vite revenir au galop.
Pour un effet durable, il faut donc aussi changer en profondeur ses habitudes alimentaires et reprendre une activité physique. Pour cela, un accompagnement à vie est incontournable.
Si l’échec reste un sujet sensible aussi bien pour les équipes chirurgicales et médicales que pour les patients, elle reste une réalité auquel chaque patient candidat à la chirurgie bariatrique doit être préparé. Car la reprise de poids peut s’accompagner de dépressions ou d’addictions, à l’alcool notamment, ainsi que de tentatives de suicide (qui représentent 3 % des complications qui apparaissent après une opération).
La plupart des patients voient en cette opération la solution miracle qui va résoudre tous leurs problèmes personnels quotidiens (travail, famille, vie amoureuse, regards des autres et de la société, pathologies, soucis vestimentaires, etc.) alors que cela ne règle pas tout, c’est un fait.
Afin d’éviter de reprendre du poids après une chirurgie bariatrique, il est essentiel de bénéficier d’un suivi régulier avec une équipe soignante pluridisciplinaire. Généralement, un diététicien et/ou un nutritionniste, en plus du chirurgien, sont impliqués dans ce suivi, de même qu’un psychologue et un kinésithérapeute. Ce soutien permet au patient opéré de mettre en place un nouveau mode de vie plus sain qui lui permettra de stabiliser son poids sur le long terme.
Les diététiciennes des centres RNPC peuvent parfaitement vous prendre en charge lors du suivi postopératoire à distance de l’opération. En effet, celles-ci sont toutes diplômées d’État et donc reconnues comme de véritables professionnels de santé. Elles sont de plus parfaitement formées à la prise en charge des pathologies associées à la surcharge pondérale et représentent donc des interlocutrices de choix auprès de l’équipe médicale autour de laquelle s’organise votre suivi postopératoire.