Le psoriasis est une affection très fréquente, qui touche 2 à 5 % de la population avec une sévérité très variable.
Il se révèle le plus souvent par la présence de plaques rouges inesthétiques, dont se détachent des pellicules blanches, principalement sur des zones de frottement (coudes, genoux, bas du dos). Elles peuvent parfois s’étendre beaucoup plus largement vers des régions impossibles à cacher, même en hiver, avec des répercussions importantes sur la qualité de vie des patients.
Le psoriasis fut dans un premier temps considéré́ comme une simple maladie de peau. Récemment, les preuves d’un lien entre le psoriasis et d’autres maladies se sont accumulées, semblant indiquer que le psoriasis est une maladie systémique. En d’autres termes, il s’agit d’une maladie qui touche l’ensemble du corps.
Cette maladie est due à un dérèglement du système immunitaire qui provoque une réaction inflammatoire de faible intensité mais constante dans l’ensemble de l’organisme, avec un retentissement tout particulier au niveau de la peau. Les cellules se mettent à proliférer, la peau se renouvelle à très grande vitesse, produisant en permanence des cellules mortes.
Psoriasis et comorbidités
Plusieurs études ont mis en évidence une augmentation de la surcharge pondérale chez les personnes atteintes de psoriasis, et inversement. L’obésité serait même particulièrement fréquente chez les personnes ayant une forme sévère de la maladie (i.e. atteignant plus de 20 % de la surface de la peau).
Par ailleurs, d’autres études ont montré que la sévérité du psoriasis était corrélée à l’indice de masse corporelle (IMC) des patients ainsi qu’à leur périmètre abdominal [1], marqueur d’un excès de tissu adipeux au niveau intra-abdominal (mesuré simplement par le tour de taille, supérieur ou égal à 80 cm chez la femme et 94 cm chez l’homme). Or, ce tissu adipeux sécrète une quantité importante de molécules pro-inflammatoires appelées adipokines (comme le TNF-alpha et diverses interleukines). Il s’instaure donc, par ces sécrétions, un cercle vicieux entre le psoriasis et l’excès de poids, et plus particulièrement l’augmentation du tour de taille.
Cette association a également des répercussions thérapeutiques. En effet, les sujets psoriasiques ayant un IMC élevé répondraient moins au traitement que les sujets plus minces, qu’il s’agisse de médicaments oraux ou de biothérapies.
L’obésité est-elle un facteur de risque de développement du psoriasis ou au contraire une conséquence de la maladie ? Si l’état inflammatoire chronique associé au psoriasis semble jouer un rôle essentiel dans ce contexte, les relations exactes entre surpoids/obésité et psoriasis restent encore à déterminer.
Le psoriasis est associé à une incidence accrue de surcharge pondérale mais aussi d’hypertension artérielle, de dyslipidémie (taux de cholestérol et autres lipides sanguins élevés) et de diabète de type 2, ce qui augmente le risque de crise cardiaque (infarctus du myocarde), d’accident vasculaire cérébral, et de maladie cardiovasculaire en général [2].
Ces maladies liées au psoriasis, qu’on appelle aussi comorbidités, ne sont habituellement pas diagnostiquées ni traitées par un dermatologue : elles doivent être prises en charge par d’autres spécialistes (médecin généraliste, cardiologue, diabétologue/endocrinologue).
Si les liens entre obésité, surpoids et psoriasis ne sont pas encore tout à fait élucidés, une chose est sûre : la perte de poids a un impact positif significatif et prolongé sur les symptômes du psoriasis et la qualité de vie des patients atteints de surcharge pondérale. C’est ce qu’a démontré une étude danoise parue dans le Journal of Clinical Nutrition [3].
Les médecins des hôpitaux de Herlev et Gentofte, en collaboration avec le département de nutrition de l’université de Copenhague, ont étudié 60 patients obèses atteints de psoriasis. En 16 semaines, ces volontaires ont perdu en moyenne 15 kilos, grâce à un programme de perte de poids basé sur un régime hypocalorique de 800 à 1000 calories par jour à base de substituts de repas.
Démangeaisons, plaques rouges recouvertes de croûtes au niveau des genoux et des coudes… Tous ces symptômes caractéristiques du psoriasis se sont atténués grâce à cette perte de poids. Une amélioration encore maintenue un an plus tard alors que les participants avaient repris quelques kilos.
Ces résultats sont en accord avec ceux d’une étude préalable, présentée lors du Congrès annuel de l’American College of Rheumatology de 2015, à San Francisco. Des chercheurs avaient analysé les données de plus de 9000 opérations de chirurgie bariatrique (chirurgie de l’obésité avec diminution de la capacité de l’estomac), parmi lesquels 86 souffraient de psoriasis. Dans les mois suivant leur opération, 55 % de ces patients constataient une amélioration notable de leur psoriasis [4].
Les explications avancées par les chercheurs pour expliquer ces observations sont que la perte de poids réduirait l’étendue des phénomènes inflammatoires dans l’organisme, ce qui aurait une influence positive sur les manifestations du psoriasis.
Ces résultats soulignent l’importance pour les professionnels de santé de se concentrer sur la perte de poids dans le cadre d’une approche thérapeutique globale du psoriasis pour les patients en surpoids.