Une récente méta-analyse confirme que l’adiposité qui se dépose au niveau du ventre accroît le risque de mourir prématurément, toutes causes de mortalité confondues.
Nous savons que l’obésité, avec tout ce que cette maladie implique, est associée à un risque accru de mortalité. Pourtant, il existe un concept qu’on entend parfois, celui d’obésité saine. L’idée que, même en étant obèse, si nous n’avons aucune pathologie et pas de problème pour nous mouvoir, nous serions en bonne santé. Une récente métaanalyse parue dans le British Medical Journal vient considérablement affecter cette idée, car elle met en évidence qu’il existe une forte corrélation, couplée d’une association dose-réponse, entre l’adiposité ventrale et le risque de mortalité toutes causes confondues [1].
L’objectif de l’étude était de regrouper différentes études sur le sujet de l’association entre adiposité ventrale et mortalité, toutes causes confondues. Pour ce faire, plusieurs études ont été prises en compte. Chacune d’entre elles mesurait des marqueurs plus ou moins précis (tour de taille, tour de hanche, tour de cuisse, rapport taille/hanche, rapport taille/hauteur, rapport taille/cuisse, indice d’adiposité corporelle) de l’adiposité ventrale.
Les données de plus de deux millions de participants ont été intégrées dans les modèles et les calculs statistiques des chercheurs. Ils en concluent que l’adiposité ventrale est associée de manière significative avec un risque de mortalité élevée. Une dose-réponse a même été identifiée, ce qui est un des critères pour soupçonner un effet de causalité.
Pour combattre l’obésité, le vieil adage « manger moins, bouger plus » n’est d’aucune utilité. La prise alimentaire est quelque chose d’éminemment complexe, influencé par une pléthore de facteurs.
Afin de lutter véritablement contre cette maladie, c’est tout notre système alimentaire et médical qui est à revoir.
Faire peser toute la responsabilité sur l’individu n’est pas en accord avec les données scientifiques que nous avons sur cette maladie. L’environnement complexe dans lequel nous vivons doit permettre aux individus malades de faire les bons choix et d’avoir accès aux informations de qualité pour avoir les moyens d’agir sur leur maladie, en plus des traitements médicaux essentiels qu’ils doivent suivre [2].
Cette méta-analyse confirme ce qui, chez RNPC, est une évidence depuis déjà une dizaine d’années, à savoir que les graisses localisées dans la cavité abdominale sont particulièrement néfastes pour la santé [2].
En effet, ce tissu adipeux intra-abdominal est aujourd’hui reconnu comme un véritable tissu paracrine et endocrine, c’est-à-dire qu’il libère de façon continue des substances potentiellement toxiques pour notre organisme car impliquées dans la genèse et le développement de nombreuses pathologies chroniques telles que les maladies cardiovasculaires, le diabète de type 2 et le cancer.
Le tour de taille étant fortement corrélé à la proportion de tissu adipeux intra-abdominal, il est depuis toujours mesuré de façon systématique chez tous les patients des centres RNPC lors de chaque visite, afin d’estimer de façon plus fiable les risques liés à l’excès de poids sur leur santé.
Références :
[1] Jayedi A, et al. Central fatness and risk of all cause mortality: systematic review and dose-response meta-analysis of 72 prospective cohort studies. BMJ 2020 Sep 23;370:m3324
[2] Fabre O and Legrand R. [Le programme RNPC®, une thérapeutique non-médicamenteuse pour la prise en charge des patients atteints de surcharge pondérale]. HEGEL_2017_04_23