Force est de constater que les personnes en surpoids ou obèses sont aujourd’hui plus nombreuses que jamais. Beaucoup ont du mal à perdre du poids et celles qui y parviennent constatent souvent que leur poids remonte à son niveau précédent au bout de quelques semaines, bien qu’elles soient actives et comptent leurs calories.
Pour certains, il existe une explication simple à l’excès de poids : ceux qui en souffrent mangent trop et/ou ne s’activent pas assez. Les conseils diététiques délivrés par l’entourage et même parfois par les professionnels de santé se limitent donc souvent à la formule relayée par le Programme National Nutrition Santé : “Mangez mieux et bougez plus”.
En réalité, le mode de vie ne représente qu’une des nombreuses raisons pour lesquelles notre corps accumule des kilos supplémentaires et lutte tant pour s’en débarrasser lors d’un régime.
À l’âge de pierre, il y a plus de 50 000 ans, les sources de nourriture étaient peu constantes, avec des périodes d’abondance et des périodes de famine. Nos ancêtres avaient donc plus de chance de survivre si leur organisme stockait facilement l’énergie sous forme de graisse durant les périodes d’abondance. C’est pourquoi leur cerveau a évolué pour apprécier et rechercher des aliments riches en énergie et que leur organisme s’est adapté pour stocker d’autant plus efficacement cette énergie dans les tissus adipeux.
Aujourd’hui, nous sommes entourés de nourriture et de boissons savoureuses et très énergétiques auxquelles nous avons facilement accès. Nous sommes également moins actifs physiquement que nos ancêtres de l’âge de pierre. Mais bien que notre environnement ait radicalement changé, notre préférence génétique pour des aliments riches en énergie n’a pas évolué. Si vous combinez une tendance naturelle à stocker des calories sous forme de graisse et un environnement qui facilite la consommation excessive de calories, il n’est pas surprenant qu’un nombre croissant de personnes à travers le monde souffrent aujourd’hui de surpoids et d’obésité.
Ainsi, en consommant plus de calories que ce dont nous avons besoin, nous prenons du poids. Il suffirait donc d’inverser la balance énergétique pour maigrir. Pas aussi simple ! En effet, il semble que notre corps soit programmé pour conserver ce surplus d’énergie stocké dans nos bourrelets. Lorsqu’il détecte une perte de poids, notre organisme active des mécanismes de protection profondément ancrés dans nos gènes, destinés à nous inciter à rechercher rapidement de la nourriture. Résultat : on a plus faim et on se sent moins rassasié après un repas, ce qui peut amener à manger plus. Parallèlement, le corps s’adapte à la restriction calorique en dépensant progressivement de moins en moins d’énergie. C’est pourquoi, lorsqu’on multiplie les régimes restrictifs ou que ceux-ci durent trop longtemps, il devient de plus en plus difficile de perdre du poids et que le moindre écart significatif dans l’apport calorique se traduit immanquablement par une reprise des kilos perdus. Dans certains cas extrêmes, la résistance à la perte de poids est telle qu’une personne peut revenir à son poids initial en consommant moins de calories qu’auparavant.
Si notre corps se protège aussi activement contre la perte de poids, c’est probablement parce qu’il y a des milliers d’années, il s’agissait d’un mécanisme de base de la survie. Ce qui explique pourquoi il est si difficile de perdre du poids et de ne pas le reprendre à long terme [1].
La gestion du poids fait donc appel à de nombreux facteurs, dont certains échappent à notre contrôle conscient.
La surcharge pondérale est, à la base, le résultat d’un comportement : celui de surconsommer des calories. Et ce comportement est dicté par le cerveau, qui contrôle en grande partie la prise alimentaire, notamment par des signaux de faim et de satiété.
Mais pas seulement ! Des chercheurs de l’Institut neurologique de Montréal ont constaté, en analysant des images par résonance magnétique de plusieurs centaines de personnes, que la surcharge pondérale était associée à des modifications structurelles au niveau cerveau, en particulier dans des régions responsables de fonctions cognitives telles que la prise de décision et le contrôle des émotions et des comportements [2]. Ces modifications favoriseraient une réaction plus importante aux stimuli alimentaires. Hypothèse étayée par l’analyse des résultats obtenus à des tests mesurant les fonctions cognitives assumées par ces régions cérébrales, qui étaient dans l’ensemble moins bons chez les individus en surcharge pondérale. Les chercheurs ont notamment observé une plus grande impulsivité décisionnelle chez ces derniers.
Le fait qu’un grand nombre des participants à cette étude étaient des “vrais” jumeaux (c’est-à-dire ayant le même bagage génétique) ou des “faux” jumeaux (c’est-à-dire partageant 50 % de leur bagage génétique) a permis aux chercheurs de mesurer l’héritabilité du poids, c’est-à-dire la proportion de la variabilité du poids qui est expliquée par les gènes. Ils ont ainsi déterminé que 70 % de la variabilité du poids est attribuable aux gènes, tandis que 30 % dépend de l’environnement [2].
Les personnes en surcharge pondérale héritent donc de cette vulnérabilité à céder aux stimuli encourageant la surconsommation, vulnérabilité d’autant plus problématique que nous évoluons tous aujourd’hui dans un environnement hautement “obésogénique” en étant constamment exposés à de la nourriture, notamment sous la forme de publicités présentant des aliments riches en calories.
Il ne faut toutefois pas en conclure que les personnes dont le cerveau présente ces particularités sont condamnées à souffrir d’embonpoint ou d’obésité. Il n’y a rien qui est prédestiné ; on parle seulement d’influence. Il est donc important de rappeler que même si la surcharge pondérale est en partie d’origine génétique, cela ne veut pas dire que l’on ne peut pas intervenir. On hérite seulement d’une prédisposition qui s’exprimera plus ou moins selon l’environnement dans lequel on vit. Une personne peut donc hériter de gènes prédisposant fortement à l’obésité, mais si elle évolue dans un environnement combinant un régime alimentaire pour lequel les apports caloriques sont contrôlés, ainsi qu’une activité physique régulière, elle maintiendra un poids santé. Ainsi, des modifications comportementales adaptées peuvent contrer l’effet des gènes, ou du moins grandement le réduire.
La recherche ne cesse de montrer que l’obésité n’est pas toujours la conséquence d’un manque de volonté. Il s’agit d’une maladie métabolique bien plus complexe. Et si la modification du mode de vie est une solution efficace et sûre pour perdre du poids, elle ne suffit pas toujours à garantir des résultats à long terme. Il faut l’associer à un accompagnement psycho-comportemental spécifique [3]. Chez RNPC, nous savons à quel point il est difficile de se tenir à un programme de perte de poids, aussi bien élaboré soit-il, et de maintenir seul son poids après avoir maigri.
C’est pourquoi, dès la phase d’amaigrissement, nous vous aidons à mettre en place une véritable stratégie destinée à développer de bonnes habitudes de vie. Des habitudes de vie que vous devrez ensuite, comme leur nom l’indique, conserver tout au long de votre vie. Autosurveillance du poids, choix rationnel des aliments, activité physique régulière… Les comportements nécessaires au maintien du poids ne sont jamais inconscients mais ils deviennent plus routiniers après 2-3 ans. Nous recommandons donc toujours à nos patients ayant atteint leur objectif de poids de continuer le suivi au centre aussi longtemps que nécessaire, jusqu’à ce qu’ils soient capables de stabiliser leur poids et gérer leur alimentation en toute autonomie. C’est justement pour les encourager à ne pas lâcher le suivi une fois le programme terminé qu’ils ont la possibilité, s’ils le souhaitent, de venir régulièrement au centre bénéficier des conseils de leur diététicienne, mettant ainsi toutes les chances de leur côté pour ne jamais reprendre le poids perdu. Le suivi est alors entièrement gratuit et illimité dans le temps.
Ainsi, les modifications diététiques et comportementales développées au cours du Programme RNPC (cuisiner, choisir ses aliments, gérer ses écarts…) finissent par s’inscrire pleinement dans votre mode de vie.